Philosophie de la self-défense
Introduction
La SELF-DEFENSE consiste à arrêter une attaque en neutralisant un agresseur par l’emploi de techniques simples et efficaces. Elle n’enseigne pas "comment combattre ", il ne s’agit pas de sport avec des échanges de coups règlementés, mais bien de savoir mettre hors d’état de nuire un agresseur en stoppant son attaque souvent violente et en sortir indemne ou presque. Sa fonction est utilitaire et se résume à de l'autodéfense.
Concrètement, la SELF-DEFENSE a donc pour finalité de neutraliser, blesser ou tuer un agresseur (dans le cadre de la légitime défense). Elle exige réalisme, efficacité tactique, tactile et technique en combinant les techniques anciennes (notamment celles contre les armes blanches) et les techniques modernes (en particulier celles contre les armes à feu).
La pratique à mains nues a pour limites : la morphologie humaine, le sens tactique, la capacité de réactivité, la précision du geste, la maîtrise contre les armes (couteau, bâton, matraque...) mais aussi les lois morales et sociales.
Court historique
L’appellation "Combat au corps-à-corps est due à un officier d'artillerie français, le commandant Ferrus, qui introduisit une méthode défensive dans les forces armées dès le début du 20me siècle. Son équivalent anglais, le "Close-combat" ou "Close Quarter Combat" (CQC), apparu dans les années 1930, a connu un vrai essor au cours de la Seconde Guerre mondiale auprès des militaires anglo-saxons. Son réputé créateur, le major britannique W.E. Fairbairn, présenta une compilation pragmatique de techniques de close-combat dans son ouvrage "Get tough !" ("Deviens fort") essentiellement empruntées à des arts martiaux tels que le Ju-Jitsu (les techniques défensives japonaises) et le kenpo (la boxe chinoise). A la fin de la seconde guerre mondiale, les américains nommeront "hand to hand Combat" ce système de combat. En 1947, les français débaptisent le close-combat pour le nommer "Combat rapproché" .
A la fin des années 20, Moshe Feldenkrais qui appartenait à la Haganah (force d’autodéfense juive) mit au point une méthode de combat à mains nues notamment contre les armes blanches et qui fut publié en hébreu. Il présenta son ouvrage à Jigoro Kano, fondateur du Judo, en 1933 à Paris, livre publié en français en 1944 sous le titre de Manuel pratique de jiu-jitsu avec comme sous-titre La défense du faible contre l’agresseur. En 1942, en Angleterre, il publia un manuel d’auto-défense sous le nom de Practical unarmed combat destiné à l’instruction des milices de réserve. Il participa aussi à la formation d’instructeurs militaires au cours de la seconde guerre mondiale. Simultanément, au cours des années 30, c’est sous le nom Kapap que se développera l’auto-défense juive. Dans les années 50, apparu une méthode inventive d’auto-défense israélienne très efficace le krav-maga mise au point par Imi Sde Or Lichtenfeld.
Le terme anglo-saxon Self-defense a très vite englobé les différentes appellations de méthodes de combat militaires à mains nues pour se substituer à eux en pénétrant peu à peu la vie civile et sportive. Ainsi, peu à peu, la totalité des arts martiaux ont assuré pratiquer de la self-défense ; pour les uns il s’agit du fondement même de leur discipline, pour les autres, d’une "extension naturelle… ".
En 1957, Jim Alcheik, développe sous l'étiquette Tai-Jitsu une forme de self-défense basée sur l'aïkido et le karaté que le Maître Minoru Mochizuki lui avait enseignées à Shizuoka (Japon). Adolphe SCHNEIDER (expert à la Fekamt) aura été son élève en Tunisie. Après sa mort, cette forme de self-défense sera développée par Roland Hernaez et Daniel Dubois (expert à la FEKAMT).
Le terme self-défense sera aussi très vite usité dans les forces de police. En 1961, Marcel Avril, moniteur national de la police, publia un livre intitulé Méthode de self-défense à l’usage des personnels de la Sûreté >Nationale. En décembre 1969, la Direction des écoles et techniques de la police publia un manuel dont le titre était Self-défense, programme élémentaire qui reprenait les éléments essentiels du livre de M. Avril.
A partir de 1970, on verra apparaître les premiers ouvrages grand public traitant de la Self-défense, citons par exemples : Apprenez vous-même la Self-défense (Eyrolles 1971), la Self-défense (Marabout 1974), le Guide Marabout de la self-défense (Marabout 1978) de Roland Habersetzer et Self-défense moderne par le judo de E. Couzinié et E. Crespin (Judogi 1977) préfacé par Henri Courtine.
Conception de la self-défense
Le close combat créé pour la guerre est un amalgame de techniques létales (mortelles), ou tout au moins incapacitantes. Ses principes sont fondés sur des habiletés motrices simples qui visent à mettre hors d'état de nuire un ou plusieurs adversaires, le plus vite possible, le plus efficacement possible, par tous les moyens possibles (mains nues, armes, objets divers utilisés comme armes). Dans un combat pour survivre, le seul but est d'éliminer la menace avant qu’elle ne nous élimine. La logique fondamentale du close combat est donc diamétralement opposée à celle des sports de ring ou de tatami, qui tendent à prolonger l'évènement un certain temps.
Au plan civil, la SELF-DEFENSE conçue dans cet état d’esprit a pour cadre la loi sur la légitime défense.
L’efficacité clé de voûte de la Self-défense
A son plus extrème dépouillement lorsque la survie est décisive, les plus grands experts de la discipline sont d’accord pour résumer la SELF-DEFENSE à 7 techniques particulièrement redoutables :
1) Frappe avec la paume de la main | -> cible : la tête (frontal, temporal, nuque) |
2) Frappe avec le coude (7 directions) | -> cible : la tête (frontal, temporal, nuque, dos) |
3) Frappe avec la main (pique, palme, atemi) | -> cible : la gorge (creux ou trachée artère) |
4) Frappe avec les doigts | -> cible : l’oeil (creux orbital) |
5) Frappe avec le pied | -> cible : la zone génitale (testicules) |
6) Frappe avec le pied | -> cible : le genou (articulation interne, externe) |
7) Frappe avec le poing ou le pied | -> cible : le plexus solaire (creux de l’estomac) |
Bien entendu, la palette de la SELF-DEFENSE ne se résume pas à ces 7 techniques, elle est bien plus large offrant un panorama étendu de possibilités défensives adaptées aux différentes situations d’agression.
Doit-on fixer un cadre à la SELF-DEFENSE ou lui en interdire un ?
Certains considèrent que la SELF-DEFENSE ne doit pas être exploitée en tant que discipline sportive. D'autres pensent le contraire. Reste qu'en Europe, à l'époque médiévale, les chevaliers s'entre-tuaient sur les champs de bataille mais ils joutaient aussi lors de tournois chevaleresques qu'on peut qualifier de "sportifs", lesquels n'étaient d'ailleurs pas exempts d'accidents graves et mortels. Cela arrive aussi de nos jours... Sans doute trouvait-on la même similitude de comportement du côté des samouraïs à la même période.
Certes la SELF-DEFENSE au quotidien n'a pour destination que la défense face à une agression "civile" urbaine ou rurale. Si certains sont désireux d'y intégrer un prolongement sportif pourquoi pas ? La SELF-DEFENSE n'a pas besoin de polémiques parce qu'elle procède par elle-même, évoluant et s'enrichissant de la créativité de ses pratiquants, sportifs, non sportifs. Les uns comme les autres se trompent s'ils veulent imposer leurs prérogatives, centralisatrices ou historiques. Respecter les choix des uns et des autres, vivre ses propres choix, cela seule est la voie/DO. Existe-t-il une SELF-DEFENSE authentique ? A quel moment l'a t-elle été ? L'a-t-elle déjà été ? L'origine des arts de défense est multiple, constituée d'un maillage complexe de provenances géographiques et culturelles, de pratiques généralistes ou spécialisées, d'expérimentations concrètes sur les champs de bataille et de maîtres de différentes importances. La SELF-DEFENSE est une synthèse plus ou moins homogène héritée des pratiques ancestrales de combat (du Japon bien sûr et d'ailleurs certainement). Elle renferme toutes les techniques de combat au corps-à-corps lesquelles sont englobées dans un terme générique.
La SELF-DEFENSE est culturelle et historique
La SELF-DEFENSE a pour particularité - c'est là son essence, son histoire et son évolution - de s'adapter à toutes les situations d'agressions d'hier, d'aujourd'hui et de demain, debout et au sol, à mains nues ou avec armes et contre les armes. Sous différents noms modernes ou anciens, c’est une discipline en mouvement qui toujours renaît de ses cendres... ne cesse de croître, de s'enrichir. C’est là son caractère d’universalité, elle continue à évoluer en s'enrichissant des apports modernes les plus récents.
Son histoire est un élément du patrimoine culturel mondial qui remonte certainement à l'Inde, la Chine, le Japon (avec son Goshin-jutsu), aux mondes antiques égyptien, grec, romain et sumérien, aux indiens d'Amérique, aux peuples scandinaves, de Russie, d'Afrique et d’Australie, peut-être même à ceux des mondes mythiques de Mû et de l'Atlantide. Une chose doit être sûre, l'histoire de la SELF-DEFENSE doit remonter à l'Ancien testament en réponse au meurtre d'Abel par Caïn...
Extrait du Manuel de formation Self-DÄfense Instructeur FEKAMT